Retour sur une analyse exploratoire de l’apport des données de photo-identification sur l’impact des activités humaines chez le Grand dauphin (Tursiops truncatus) en Méditerranée française.
Le Grand dauphin, habite préférentiellement sur le plateau continental (fonds allant jusqu’à 250 mètres). Il est, de ce fait, particulièrement exposé aux activités anthropiques comme le trafic maritime (commerce, plaisance) et la pêche.
Pour rappel, le Grand dauphin est classé comme “vulnérable (VU)” en Méditerranée selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). La connaissance de l’impact des activités anthropiques sur celui-ci est donc primordiale pour sa conservation.
Il existe plusieurs moyens de documenter les interactions Homme/Grand dauphins :
– à partir de données d’échouages,
– à partir de l’analyse du recouvrement des zones de distribution du Grand dauphin et des activités humaines (zones d’interaction),
– ou encore à partir de photographies d’animaux vivants répertoriées dans des catalogues de photo-identification.
Pour rappel
La photo-identification chez le Grand dauphin consiste à réaliser des photographies de certains caractères corporels uniques et permanents, présents sur l’aileron dorsal et le dos de chaque individu pour pouvoir ensuite les reconnaître. L’utilisation de ces données pour documenter les interactions entre le Grand dauphin et les activités humaines est inédite sur le littoral continental méditerranéen français.
Étudiante en master à l’Université de La Rochelle et stagiaire chez MIRACETI, Marion a étudié les données de photo-identification collectées par le GECEM (aujourd’hui MIRACETI) et Breach.
Les objectifs :
– Catégoriser les différents types de blessures chez le Grand dauphin à partir de ces données afin d’identifier l’origine potentielle des blessures (anthropique vs. naturelle),
– Comparer la prévalence de ces blessures entre le Golfe du Lion et la Provence,
– Les mettre en relation avec la distribution des activités humaines dans ces deux régions.
Cette analyse a permis de mettre en évidence que 16% des individus photo-identifiés par MIRACETI en Provence et dans le Golfe du Lion, présenteraient des blessures liées aux activités anthropiques. Aussi, la pêche serait la cause principale des blessures d’origine anthropique chez les Grands dauphins du littoral continental méditerranéen français. Ces résultats confirment ce qu’avaient précédemment montré les études sur les données d’échouage : 30% des grands dauphins échoués présentent des traces d’interaction avec des pêcheries.
La catégorisation des blessures grâce aux données de photo-identification permet
donc de documenter les interactions entre Grands dauphins et activités humaines en complément aux données d’échouages. Cela pourrait représenter un indicateur pour la mise en place de mesures de protection et conservation