L’impact des activités humaines sur la biodiversité dans le Sanctuaire Pelagos

L’impact des activités humaines sur la biodiversité dans le Sanctuaire Pelagos, MIRACETI

Des observations d’espèces marines à partir des bateaux de whale-watching suggèrent que les perturbations anthropiques diminuent la biodiversité dans le sanctuaire Pelagos.

De nombreuses études 📋 ont été menées sur les cétacés au sein du sanctuaire Pelagos à des fins de gestion pour préserver cette zone protégée. Dans cet article, Sutton et al., se sont intéressés aux effets des perturbations anthropiques à la fois sur les espèces de cétacés mais également sur d’autres espèces marines (poissons, oiseaux, tortues, raies, cnidaires et méduses) dans le sanctuaire.

L’étude a été réalisée dans deux régions situées sur la côte ligure italienne 🇮🇹 : Gênes et Imperia. Des canyons sous-marins sont présents au large de ces deux régions et entre elles deux. Ce qui leur confère des caractéristiques bathymétriques semblables. Cependant, le trafic maritime est plus important dans la région de Gênes.

L’objectif de cette étude a été de mesurer la biodiversité et l’impact du trafic maritime 🚢 et de la pêche à la palangre sur celle-ci en mesurant deux indicateurs :

– la richesse spécifique (le nombre d’espèces différentes présentes dans l’écosystème étudié et l’équitabilité) ;
– la proportion des individus pour chaque espèce, evenness en Anglais*.
Les auteurs font l’hypothèse que dans la région d’Imperia qui présente un niveau de trafic moins élevé, la richesse spécifique et l’équitabilité sont plus élevées que dans la région de Gênes.
Les données ont été récoltées de juin à août 2017 à bord des bateaux de deux compagnies de whale-watching qui naviguent dans les zones d’étude. Durant l’effort d’observation 👀, des observateurs présents à bord des bateaux, ont collecté plusieurs types de données :
– conditions météo ;
– catégorie de bateaux rencontrés (pêche, plaisance, commerce) ;
– espèces observées et leur position géographique ;

– présence de palangres.

Les trajets des bateaux de whale-watching ⛵ n’étant pas standardisés et régulières, afin d’estimer avec précision la surface des zones étudiées, des polygones convexes (en référence à l’approche dite du polygone convexe minimum) ont été construits autour des traces de prospection (Figure 1).

Les auteurs ont montré que des niveaux statistiquement semblables de richesse spécifique entre les deux régions d’étude avec 13 espèces, 461 animaux marins observés près d’Imperia pour 14 espèces, 682 animaux marins 🐋 observés près de Gênes. Cependant la région de Gênes a une équitabilité plus faible, ce qui suggère que cette dernière est dominée par quelques espèces communes et que des espèces rares y sont encore plus rares que dans la région d’Imperia.

D’autre part, la région de Gênes présente des niveaux significativement plus élevés de trafic maritime avec des bateaux de plaisance significativement plus nombreux que les navires commerciaux ou de pêche 🐟 au sein des deux régions. Aucun résultat statistique ne montre en revanche de différence entre les deux zones d’étude pour la pêche à la palangre.

Ces résultats suggèrent que la perturbation anthropique dans la région de Gênes peut entraîner un stress plus important pour l’écosystème que dans la région d’Imperia. Ainsi, les auteurs suggèrent d’accorder un intérêt prioritaire aux zones situées au large du port de Gênes. La diminution de la vitesse de navigation des bateaux permettrait également de réduire les collisions et la pollution sonore qui impactent plus ou moins directement la vie marine. ❎

 

Il est important de noter que ce travail a des limites. Bien que les bateaux de whale-watching soient des plateformes d’opportunités précieuses pour la collecte de données d’observation, les routes choisies se concentrent dans des zones où une plus forte probabilité d’observation des cétacés existe 🐬. Ceci peut induire des inconvénients et des biais dans les analyses puisque la surface prospectée n’est pas homogène au sein d’une zone et entre les zones d’étude. D’autre part, aucun travail de photo-identification 📷 n’a été réalisé dans le cadre de cette étude, ce qui signifie qu’un même individu peut avoir été compté plusieurs fois lors d’une journée. Sutton et al., y apportent des réponses dans la discussion de l’article.

Cette étude fournit des données de base sur la biodiversité du sanctuaire Pelagos et fournit des informations pour la gestion des écosystèmes en mer Ligure. Ceci est essentiel non seulement pour maintenir des écosystèmes extrêmement riches en biodiversité 🌎 dans le nord-ouest de la Méditerranée, mais aussi pour servir de modèle à d’autres régions du monde. Des études comme celle initiées par le groupe de travail sur le whale-watching d’ACCOBAMS (Accords pour la conservation des Cétacés de la Mer Noire, de la Méditerranée et la zone atlantique adjacente), pour laquelle l’équipe d’animation du label Hiqh Quality Whale-Watching® a été sollicitée, et qui porte sur le recensement et la caractérisation des hot-spots des activités de whale-watching en Méditerranée devraient également participer à mieux identifier les zones à fortes pressions anthropiques. 👊

Figure 1. Les polygones convexes minimums (MCP) à 95% pour chaque région montrant les traces des bateaux de whale-watching (issue de Sutton et al. 2021)
Article :
Sutton, M., Freake, M., Tepsich, P., & Moulins, A. (2021). Observations of marine species from whale watching vessels suggest that anthropogenic disturbance decreases biodiversity in the Pelagos Sanctuary. Bios, 92(1), 8-16. https://doi.org/10.1893/BIOS-D-19-00018

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